MAJORETTE: UNE LONGUE HISTOIRE
Nous sommes en février 1982...
Tout commença par une petite locomotive au 1/143ème (presque du "N"), copie d'une 030 du PLM. C'était en 1962... Qui aurait cru alors que cette sympathique machine à vapeur, parue sous la marque "Rail-Route", tirerait fort loin la société qui la fît naître, après qu'elle eût changé de marque pour devenir "Majorette"? |
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Majorette en 1982: |
L'usine de Caluire, dans la banlieue lyonnaise, approche le chiffre fantastique de 400 000 miniatures fabriquées chaque jour! En 1980, les résultats de la société furent particulièrement éloquents: le chiffre d'affaires augmenta de 29,44% en France et de 46,24% à l'exportation, avec un bénéfice net de 16 493 000 F. L'exportation est assurée par plusieurs filiales: Majorette Japan KK; Jouets Majorette Canada Inc; Majorette Axel Kauer KG; Majorette Toys (UK) Ltd; Majorette GMBH; Toys of Majorette (US) Inc; Majorette Italia SRL; Majorette Espanola S.A. Début 1981, deux nouvelles filiales ont été créées en Australie et au Mexique. Les événements récents ont toutefois empêché la société de réaliser plusieurs de ses objectifs: distribution à ses actionnaires d'un dividende exceptionnel comme l'an dernier suivi d'une augmentation de capital, constitution au Brésil d'une filiale de production, etc... Pour cette année, Majorette estime pouvoir réaliser un chiffre d'affaires net de 225 millions, soit une progression de 28 à 30% par rapport à 1980. La part des ventes à l'exportation devrait continuer de s'accroître, bien qu'il ne soit pas prévu la sortie de nouvelle gamme. Le rachat de Solido, néanmoins, fournit une nouvelle activité. |
Caractéristiques de la gamme: |
Après son expérience ferroviaire, (la 030 fut livrée avec des wagons de marchandises; il y eut aussi une BB électrique avec des voitures voyageurs "inox"), "Rail-Route" s'orienta vers les voitures miniatures. Si les trains étaient en matière plastique, les automobiles furent, elles, immédiatement moulées en zamak. Les premiers modèles sortirent sous la marque "Rail-Route" à laquelle on avait ajouté "Collection Majorette" et, dès ses débuts, la firme -qui était alors installée 19, rue Alfred de Musset, dans le 3è arrondissement de Lyon- fît preuve de l'éclectisme qui la caractérise encore aujourd'hui. Si les tout premiers modèles furent consacrés à la Formule 1, avec une BRM et une Porsche (notons au passage que cette huit cylindres allemande est la seule qui ait vu le jour en zamak), on vit aussi des poids lourds et des engins originaux, comme le fourgon "Etalmobil" destiné à la vente ambulante. Les échelles étaient déjà fort variables, d'un modèle à l'autre. |
La durée de vie de chaque modèle a été très inégale, avec une moyenne de quatre années. Notons quelques records, comme un planeur qui dura dix ans, ou encore le tracteur avec fardier, apparu en septembre 1967 et qui ne fût abandonné qu'en novembre 1979, après avoir tout de même changé de tracteur en 1975.
Par ailleurs, il faut aussi remarquer que contrairement à de nombreux fabricants qui produisent des miniatures à petite échelle -notamment anglais- "Majorette" ne s'est jamais lancée dans les élucubrations et le réalisme -sinon la fidèlité- fut toujours considéré comme une vertu première par la firme de Caluire.
Tracteur Bernard avec semi-remorque
fourgon promotionnelle " Toy & Hobby Shop et Toys'rus ".
Mercedes-Benz et semi-fourgon promotionnel
" Kronenbourg et Isover ".
Tracteur Magirus-Deutz avec semi-remorque
fourgon promotionnelle.
Tracteur Bernard et semi-fourgon "Chambourcy".
Tracteur Mercedes-Benz et semi-savoyarde "Onatra"
Deux versions du car Neoplan " Iberia et Lufthansa "
destinés aux marchés étrangers.
Citroën DS19 ambulance et Citroën SM.
Peugeot 404 ambulance, Jeep et Citroën GS.
Saviem citerne et Saviem bâché aux couleurs de Texaco.
En 1980 apparut la "série 3000" consacrée à des poids lourds et des véhicules à une échelle avoisinant le 1/35è, tandis que l'apparition de la série "Motor" montrait que Majorette cherchait à diversifier ses productions.
Restée éloignée de l'échelle "Reine" (celle du 1/43), la firme lyonnaise a indirectement franchi le pas en 1981 en faisant l'acquisition de Solido.
Renault 5 RTL et scooter des neiges.
Volkswagen 1300 rallye et Jaguar E coupé.
Excalibur phaëton et Van américain.
Trois tracteurs de semi-remorque: de gauche à droite:
Bernard, Magirus Deutz et Mercedes-Benz.
Deux buggies.
Le camion Bernard: |
Le camion Bernard fût un des premiers "best-sellers" de Majorette. Réalisé à l'échelle 1/100ème, on le vit en une multitude de versions, en porteur à châssis long ou court, ou en tracteur avec plusieurs semi-remorques. Au delà de cette diversité bien normale, on peut signaler aux amateurs plusieurs variantes de moules, qui donnent du piquant et du relief à une collection. La première version possèdait des portes ouvrantes en matière plastique, une cabine aménagée avec un conducteur rapporté. Ensuite la cabine fût moulée entièrement en zamak et les portes devinrent fixes, mais les parties vitrées ne furent pas modifiées: seul figuraient le pare-brise et la lunette arrière. Des séries promotionnelles virent le jour, avec une inscription en relief sur les portes (notamment pour les peintures Galliacolor de Lyon). Ces deux premières séries possédaient le même châssis réduit à une plaque en plastique rivetée sous la cabine. La troisième version ne comporte plus de portes ouvrantes, ni de conducteur. En revanche, la cabine est entièrement vitrée et le châssis qui occupe toute la longueur du camion, possède une sommaire reproduction des réservoirs, de l'échappement, de la transmission et des ponts. |
camions Bernard: les deux châssis.
Bernard, plateau-portes avec publicité.
Bernard, cabine entière vitrée.
Bernard, plateau à ridelles.
Bernard, portes fixes sans vitre.
Bernard, portes ouvrantes.
Notons une astuce de moulage sur le porteur à châssis long: la cabine, le châssis et le plateau semblent être des éléments de base du moule, alors que des tiroirs interchangeables ont permis de fabriquer le plateau, le plateau à ridelles, le plateau à chaînes ou encore le cirque.
Au niveau des boîtes, des modifications apparurent sur le fond, au fur et à mesure que la marque évolua. Si elles restèrent en plastique "cristal" épais, on put d'abord voir l'inscription "Rail-Route, Collection Majorette", puis on vit apparaitre un carton blanc où "Majorette" était imprimée en lettre d'or, et aussi un carton avec le dessin du modèle et l'inscription "Collection Majorette". Mais quelle fût l'exacte chronologie? Toujours est-il que ces boîtes "cristal" furent suivies de blisters (avec la Ferrari F1 notamment) puis à nouveau, de boîtes rectangulaires en plastique transparent. Tout ceci montre que si des complexités existent chez Dinky Toys ou Solido, il y a aussi de quoi, chez Majorette, réveiller le Sherlock Holmes qui sommeille dans chaque collectionneur.
la loco vapeur 040 et l'Etalmobil.
Renault 4L fourgonnette PTT.
Source: magazine mensuel Mini Plastic Métal n°75 de février 1982